À l’invitation de la Communauté de Communes des Pays de L’Aigle, l’artiste Michèle Trotta présente “Lien(s)”, une exposition en deux volets qui interroge la nature du lien — qu’il soit humain, symbolique ou végétal.

Proche de l’esprit de l’Arte Povera, Michèle Trotta privilégie l’usage de matériaux modestes et l’installation in situ, considérant chaque lieu comme un acteur essentiel de son œuvre. Ses créations, à la croisée du sensible et du conceptuel, jouent sur les paradoxes visuels : pesanteur et apesanteur, plein et vide, naturel et artificiel. Les végétaux deviennent une véritable syntaxe plastique, au service d’un langage délicat et profond.

Depuis plusieurs années, elle explore les systèmes collectifs dans la nature, des colonies de fourmis aux réseaux racinaires, qu’elle perçoit comme des formes de coopération et de solidarité invisibles mais puissantes. Ce travail de recherche prend ici une dimension poétique et engagée.

Le premier volet de l’exposition prend place en plein air, le long de la promenade de la Risle : deux arbres reliés par un entrelacs de branches symbolisent un lien en tension, en train de se faire ou de se défaire — image saisissante de nos connexions fragiles.

Le second volet investit l’église Saint-Martin-d’Écublei, avec une série d’œuvres organiques nées d’un long processus : faire pousser du blé et de l’orge sur des matrices de forme.

Le point culminant de cette démarche est une chasuble liturgique entièrement réalisée en racines, en écho aux ornements anciens de l’église. Une œuvre qui conjugue spiritualité, nature et mémoire, et nous rappelle la force discrète du vivant.